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LECTURE SYNOPTIQUE DE « RÉFLEXIONS SUR L’ENGAGEMENT PERSONNEL » DE PAUL LOUIS LANDSBERG

23 Octobre 2018, 11:41am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

 

 

Le moteur essentiel de l’essai de Paul Louis LANDSBERT est un désir de replacer l’homme au centre du véritable sens de l’existence. Avant d’être une réflexion sur l’engagement personnel, conséquence presque mécanique de la destinée collective qui s’impose à toute conscience historique, la pensée de Landsberg constitue une restitution originale des liens intersubjectifs et transsubjectifs. En ce sens, l’entame de sa réflexion qui récuse la possibilité de constituer une vie pleine de sens dans la fuite de la collectivité, l’illusion du désengagement, est peut-être plus révélatrice de son essence que le titre lui-même. Dans la tentation de l’isolement, le retrait, on pense souvent pouvoir se réaliser « dominer le destin et réaliser nos intentions authentiques ». Or, nous dit Landbergs, un tel retrait ne saurait correspondre à notre « situation » de personne insérée dans le monde, plus encore de personne dont la destinée, qu’on le veuille ou non, est impliquée ou quelque part obligée à s’impliquer dans « l’histoire des collectivités » qui l’entoure afin de gagner son véritable sens. L’homme est donc en permanence dans une série de dialogue impératif pris dans les pièges du mouvement des destinées collectives ; dialogue d’une conscience avec sa conscience, élément indispensable pour les actions immédiates et matérielles ; dialogue avec autrui et le monde, pour « des possibilités concrètes » (p.9). L’engagement, mot clé de l’essai, surgit au milieu de ces différents dialogues. Elle est une conséquence de ces dialogues qui s’imposent à l’homme. L’auteur conçoit cet entre-deux, c’est-à-dire l’engagement comme « l’assumation concrète de la responsabilité d’une œuvre à réaliser dans l’avenir, d’une direction définie de l’effort allant vers la formation de l’avenir humain. »(p.10). Si l’engagement apparait un tant soit peu comme un impératif catégorique dans la pensée de l’auteur, c’est justement du fait que l’engagement est « prise » dans les tenailles des dialogues qui nous impliquent et nous plongent de fait dans l’histoire. « Le caractère historique de notre vie exige l'engagement comme condition de l’humanisation » déclare Landsberg. La vie individuelle de toute conscience est donc quelque part liée à d’autres, proches ou lointaines ; existantes ou en devenir. Et devenir « plus homme », nécessite de s’engager. Bien évidemment, Landsberg nous prévient que s’engager, acte total et libre, alliant intelligence et volonté, et supposant liberation continue, n’est pas synonyme de vérité. Il reconnait fort opportunément qu’au fondement de l’engagement ou toute cause se retrouve l’imperfection. Toute cause humaine pourrait d’ailleurs être synonyme d’imperfection sous le regard  de l’auteur. L’idée pure ou la vérité pure n’a pas de place à ce niveau, tant la valeur de l’engagement « consiste en grande partie dans la coexistence et la tension productive entre l’imperfection de la cause et le caractère définitif de l’engagement » (p.13). L’engagement implique à la fois donc, une fidélité et une reconnaissance de l’imperfection de cet engagement. Cette lucidité, appelons cela ainsi, nous prévient de tout fanatisme ou toute conviction de vivre dans la « vérité absolue et intégrale » (p.13). La « conscience inquiète » engendre une remise en cause, une critique interne de la cause pour l’affiner, la mettre sur les rails d’une plus grande perfection, d’une réduction du taux d’imperfection, pouvons-nous dire. Le processus implique de la souffrance, puisque le moment de l’engagement et de sa critique c’est toujours quelque part le moment du déchirement, le moment des contradictions. C’est peut-être pourquoi LANDSBERG affirme : « […] tout engagement personnel comporte un risque et un sacrifice qui va jusqu’au tragique »....

Paul Louis Landsberg, reflexions sur l'engagement personnel, ed Allia, 2018.

Dr. Sali Bouba O., le 23/10/2018.

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