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 RebusExternis

Traitement médiatique de l’action de la police dans la lutte contre la covid-19 au Sénégal

29 Mars 2021, 13:41pm

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

Chers lecteurs, nous mettons à votre disposition l'introduction de notre article publié dans le N°1 de la revue paix et sécurité en Afrique subsaharienne. L'article complet peut être mis à votre disposition sur simple demande via la page contact de notre blog.

Traitement médiatique de l’action de la police dans la lutte contre la Covid-19 au Sénégal

À l’heure où la pandémie du coronavirus a remis au-devant de la scène médiatique et de l’opinion, en général, certains corps de métiers, ne paraît-il pas judicieux de se pencher sur les répertoires d’actions développés par les forces de sécurité et en particulier la police ? Les étapes inédites franchies par les autorités publiques dans la lutte contre le coronavirus, dont le point culminant fut, ici et là, les déclarations d’état d’urgence et, dans la foulée, l’instauration des mesures de confinement ont renforcé le regain d’intérêt et accru les demandes et attentes envers les forces de sécurité, en général, et la police, en particulier. Bien sûr, il ne s’agit pas d’arguer que les demandes et les attentes envers les forces de sécurité et la police avant la survenance de la pandémie n’étaient pas soutenues, puisque la seule reconnaissance par la recherche de la « généralité indépassable »(Favre, 2009 : 1234) des tâches de la police la fait intervenir partout et à n’importe quel moment pour obtenir le retour à une situation considérée comme normale. Il est plutôt question ici de relever que le caractère exceptionnel des décisions prises, renforçant particulièrement les pouvoirs de l’État régalien, ont largement sollicité, les rôles des forces de sécurité et de police. La déclaration de l’état d’urgence au Sénégal, le 23 mars 20206, instaurant un régime juridique d’exception, a ainsi donné flores à des mesures restrictives de libertés dont l’application, la surveillance et le contrôle incombaient, en premier lieu, aux forces de sécurité et de police. Plus qu’en temps ordinaire, « l’effet de cliquet » (Bigo et Bonneli, 2018 :10) du régime de l’état d’urgence encadré par la loi n°69- 29 du 29 avril 1969 et faisant de l’exécutif le lieu par excellence de la décision contre la menace incarnée par la Covid 19, a accrue les demandes et attentes envers la police. Au concret, la visibilité de la police dans l’espace public ou « […] dans les arrières cuisines de la société » (Levy, 2016 : 139) a été davantage sollicitée. Ce qui, naturellement, a favorisé le développement d’un répertoire d’actions que la présente étude cherche à investiguer. Il s’agit concrètement de tenter de répondre à la question suivante : quels rôles la police a-t-elle joué au Sénégal au lendemain de la déclaration de l’état d’urgence ? Pour apporter des éléments de réponse à cette interrogation, la présente recherche qualitative inductive tente, à partir d’un corpus de presse issu de quatre sites internet (www.lequotidien.sn;www. actusen.sn ; www.senego.com;www.seneplus.com), de dresser le portrait de l’action de la police en temps d’urgence sanitaire. Plus précisément, elle cherche, à partir d’une analyse de contenu de la presse en ligne, d’investiguer les différents rôles joués par la police nationale sénégalaise au lendemain de l’instauration de l’état d’urgence, le 23 mars 2020. Cette étude s’articule autour de deux points importants : le premier est consacré à la restitution du contexte théorique et méthodologique de l’étude et le second est consacré à la présentation et à la discussion des résultats.

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L’éminence grise : une histoire de robe, d’ombre, d’aptitudes exceptionnelles et de pouvoir

29 Mars 2021, 10:54am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

L’éminence grise : une histoire de robe, d’ombre, d’aptitudes exceptionnelles et de pouvoir

(c)BelgaImage

Les hommes politiques, les hauts personnages, les princes, bref tous les acteurs ayant une charge politique d’une certaine ampleur sont obligés d’être visibles, d’être connus et reconnus. Ils sont de ce fait soumis, en théorie, à la tyrannie de la transparence et des cadres stricts régulant et délimitant leurs pouvoirs. Tel n’est pas toujours le cas de leurs entourages à l’égard desquels foisonnent (souvent) des mises en accusation rituelle du fait de l’impossibilité de les situer par rapport au cadre public où évoluent les hommes politiques. À l’échafaud de ce rituel amplifié, très souvent, par les médias dans le but soit de mettre à mort ou de dénoncer les rapports complexes entre transparence et secret, pouvoir public et pouvoir occulte, pouvoir personnel et impersonnel, on retrouve l’éminence grise, cet acteur de pouvoir à qui on attribue, au moins, une proximité remarquable avec un  acteur assumant une fonction publique importante, et, au plus, une influence multidirectionnelle non négligeable dans le processus de fabrication des décisions politiques. Que représente réellement une éminence grise ? Quelle est son origine ? Voilà quelques interrogations qu’on peut bien explorer pour situer ses quelques représentations symboliques

Historiquement, l’expression éminence grise nous vient du Père joseph, qui fut un ami, confident et, certainement, le plus fidèle des collaborateurs du cardinal de Richelieu à l’époque où ce dernier fut ministre de Louis XIII. Quoi qu’on en puisse dire, au fondement de cette expression réside l’amitié entre deux hommes, entre deux subjectivités, facilité par un partage de certains référents sociaux communs, en l’occurrence religieux. Les deux hommes se rencontrent en effet grâce à leurs vocations religieuses, en 1609. À ce moment précis de l’histoire, Le père Joseph dont la réputation n’est plus véritablement à établir est supérieur du couvent des capucins à tours et Plessis de Richelieu est évêque à Luçon. Durant une quinzaine d’années, les deux hommes vont échanger une complicité dont le centre nerveux, la référence symbolique était leur dévotion pour les affaires religieuses. Rien d’étonnant donc qu’en 1624, lorsque le Cardinal de Richelieu entre au conseil du Roi louis XIII, il fit appel au père Joseph en ces termes : « Comme vous êtes le principal agent, dont Dieu s’est servi pour me conduire dans tous les honneurs où je me vois élevé, je me sens obligé de vous en mander les premières nouvelles, de vous apprendre qu’il a plu au Roi me donner la charge de son premier ministre à la prière de la Reine. Mais en même temps je vous prie d’avancer votre voyage, de venir au plûtôt partager avec moi le maniement des affaires. Il y en a de pressantes que je ne veux confier à personne, ni résoudre sans votre avis. Venez donc promptement recevoir les témoignages de toute l’estime qu’a pour vous »[1].

Cet appel du cardinal Richelieu permit au Père Joseph, vêtu de la robe grise de la congrégation des capucins, de mettre ses compétences exceptionnelles au service d’un homme dont la fonction et le titre exigeaient une robe rouge. L’expression éminence grise, formulée pour désigner le père Joseph, vraisemblablement à sa mort, trouvait une première signification à la couleur de la robe et aux qualités immatérielles protéiformes et éclectiques du religieux. Diplomatie publique ou secrète, silencieuse ou bruyante, négociateur pour les affaires internes ou externes, veille informationnelle dont les frontières n’ayant de limite que l’étendue du réseau européen des frères capucins, et travail administratif, le père Joseph auprès du Cardinal de Richelieu n’est pas différent d’un homme à tout faire. Auprès du Cardinal, il jouit d’une haute estime, d’une proximité remarquable et d’une confiance presque totale.

Forgé dans le moule des valeurs religieuses, l’homme de foi ne ménage aucun effort pour entretenir sa relation exceptionnelle avec le Cardinal et étendre continuellement les frontières de celle-ci, de telle sorte qu’il se substitua parfois aux circuits institutionnels normaux alors même que personne ne pouvait situer véritablement sa position/fonction. Bien évidemment, cette situation donna naissance à une représentation particulière du Père Joseph. S’il n’était pas cardinal et membre du conseil du roi à proprement parler, il n’était pas moins considéré comme une sorte d’alter ego, aux pouvoirs ou à l’influence similaire ; d’ailleurs, il est bien de relever que le Cardinal de Richelieu songea même, au moment où il se sentit au plus mal physiquement, à faire du père Joseph son successeur auprès du Roi[2]. Mais le hasard du destin fit que le Père Joseph devança Richelieu sur les routes de l’au-delà. À la mort du Père Joseph, le cardinal Richelieu tint ses paroles « je perds ma consolation et mon unique secours, mon confident et mon appui »[3], une autre façon d’exposer sa relation exceptionnelle avec le religieux.

La disparition du Père Joseph donna à l’expression éminence grise une ampleur considérable et des connotations plus complémentaires que divergentes. Qu’elle renvoie à l’acteur de l’ombre à l’influence avérée en référence à la position du Père Joseph, ou à un conseiller jouissant auprès d’un acteur politique d’une stature imposante, le fondement essentiel de l’expression d’éminence grise est résolument l’amitié, qu’on pourrait considéré comme le noyau central ou le déterminant englobant autour duquel gravite, bien évidemment, d’autres déterminants. Il n’est pas exagéré de considérer qu’elle constituerait la condition psychologique, plus précisément affective et relationnelle qui facilite ou permet la sortie de terre de l’éminence grise ; cet acteur qui fut, vraisemblablement, dénommé comme telle, pour la première fois (publiquement ?), sur une des épitaphes du père Joseph. On peut y lire en effet ce qui suit :

« Ci-gît au chœur de église Sa petite éminence grise ; Et quand au seigneur il plaira, L’éminence rouge y gira »[4]


[1] René Richard, le véritable Père Joseph…contenant l’histoire anecdote du cardinal de Richelieu, vol 1, Gaspard Butler, 1750,p.17

[2]Fagniez, G. “LE PÈRE JOSEPH ET RICHELIEU. LA DÉSIGNATION DU PÈRE JOSEPH A LA SUCCESSION POLITIQUE DE RICHELIEU. 1632-1635 (Suite Et Fin).” Revue Historique, vol. 39, no. 1, 1889, pp. 32–62. JSTOR, www.jstor.org/stable/40937911.

[3]L. Lafaist, Jean Louis Félix Danjou,

Archives curieuses de l'histoire de France depuis Louis XI jusqu'à Louis XVIII, ou Collection de pièces rares et intéressantes ... publiées d'après les textes conservés à la Bibliothèque royale, et accompagnées de notices et d'éclaircissements; ouvrage destiné à Leber, Beauvais, 1838,p.117

[4]Jean François Paul de Gondi de Retz, Mémoires du cardinal de Retz, de Guy Joli, et de la duchesse de Nemours: Mémoires de Guy Joli. Mémoires de la duchesse de Nemours, É. Ledoux, 1820,p.107

 

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La puissance destructrice négligée des « pick up » !

16 Mars 2021, 14:58pm

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

Il est d’une évidence que l’infrastructure des conflits rythme  l’intensité et la durée des  affrontements violents à travers le monde. Chaque nouveau conflit engendre, avec plus ou moins d’ampleur, des innovations de l’industrie de l’armement[1]. Jamais les formes et les moyens de faire la guerre n’ont été si divers, allant de la fameuse AK-47 aux drones armés en passant bien sûr par les armes nucléaires. Les dynamiques des conflits violents, puisqu’il s’agit de  cette forme particulière de violence,  se métamorphosent donc au rythme de l’inventivité et la créativité des hommes. Néanmoins, au milieu de cette démesure au service de la violence, certaines constantes demeurent.

Quiconque s’intéresse aux conflits à travers la planète a déjà probablement  remarqué cette image récurrente : celle des pick-up meublant les divers théâtres d’opérations. Des faubourgs de Tripoli, aux quatre coins de la Centrafrique, en passant par les montagnes pakistanaises et les plaines syriennes, les pick-up accompagnent intimement la violence des combattants.  Les groupes armés non étatiques et des régiments des armées nationales paradent et combattent sur ces véhicules légers dont la construction débuta en 1968 au Japon.

À l’apogée de la confrontation entre le groupe dit État islamique et les forces de la coalition internationale, la Russie estima à près de dix milles le nombre de pick-up formant le parc du matériel roulant de guerre de l’État islamique. L’omniprésence de cet engin roulant léger, à usage civil à la base, dans les conflits violents fait dire qu’il serait le propre des guerres insurgées, surpassant même les véhicules de guerre tel que le humvee. Le sous-secrétaire d’État à la défense américaine, Andrew Exum, avance  à ce propos qu’ : « Il est l'équivalent en version véhicules de l'AK-47. Il est omniprésent dans toutes les guerres insurgées. Et en fait, récemment, dans toutes les guerres luttant contre les insurrections de manière. Il surpasse de très loin le Humvee [véhicule militaire américain] »[2].

Historiquement, la popularité des pick-up dans les confits est née à la suite du conflit opposant le Tchad et la Lybie, au sujet du contrôle de la bande d’Aozou, en 1987. Forte d’une armée matériellement mieux équipée, comprenant aussi bien des tanks que des appareils volants de combat[3], les troupes libyennes de Mouammar Kadhafi ont été défaites par les forces armées nationales du Tchad dont la particularité était la forte mobilité effectuée sur des Toyota. Certes, la défaite des troupes libyennes n’est pas à mettre sur les seules épaules des soldats tchadiens et des Toyota. Elle est davantage le résultat de la conjonction des efforts de plusieurs acteurs, dont les puissances étrangères qui apportèrent une aide déterminante en termes de renseignement et d’appui logistique. Toutefois, sur le théâtre des opérations, l’image frappante et remarquable à la fois pour les observateurs de l’époque fut la ruée des « abeilles de Toyota » sur les colonnes de chars du guide libyen. Cette image a  d’ailleurs fini par populariser cet affrontement sous le nom de « guerre de Toyota ».  

Depuis ce précédent, les pick-up ou d’autres véhicules légers similaires sont visibles sur la quasi-totalité des conflits interétatiques, intraetatiques ou intermestiques. Plusieurs raisons non exhaustives pourraient expliquer l’attrait particulier de cette arme par destination et transformation dans les conflits à travers le monde. Comparés aux autres moyens de mobilité en période de conflit, les pick-up s'avèrent relativement accessibles pour les groupes armés non étatiques et les armées nationales. Le coût d’un pick-up armé ou non est toujours moindre par rapport au coût d’un char ou d’un humvee. En outre, le statut du pick-up, véhicule léger à usage civil, ne fait pas l’objet de restrictions de ventes ou de contrôles comme des véhicules à usage militaires. Certes, les constructeurs et les États sont de plus en plus conscients du potentiel destructeur des Pick-up et tentent de réguler son  marché, mais, ces véhicules restent plus accessibles et représentent, pour les acteurs non étatiques et étatiques, des alternatives alléchantes aux restrictions de ventes d’armes[4].

À ces avantages en termes d’accessibilités, s’ajoutent les nombreuses possibilités stratégiques offertes par ces engins roulants. Le pick-up offre, en effet, une capacité de mobilité extraordinaire des combattants sur divers terrains ; sa robustesse et sa forme en général favorise non seulement son évolution sur des terrains accidentés, mais également son utilisation comme véhicule de transport de troupes. Il est estimé qu’un pick-up pourrait transporter au moins douze combattants. Dans la guerre contre l’EI, les forces internationales eurent bien des fois du mal à faire face à la mobilité des nombreuses troupes armées roulant essentiellement sur des pick-up. Par ailleurs, la malléabilité et la robustesse de ces véhicules offrent de nombreuses possibilités d’adaptations et d’équipements. Plusieurs types d'armes peuvent être montés à l'arrière des pick-up, à l’instar des mitrailleuses lourdes et des canons antiaériens ; ce qui n’est pas toujours le cas avec des véhicules classiques de guerre aux options de transformation limitées. Ces véhicules offrent donc une capacité terrestre assez autonome « de destruction par tir direct […] et indirect »[5]. En somme, le pick-up favorise aux groupes armés la pérennisation des capacités de nuisance assez importantes. Il conviendrait donc, dans les stratégies visant à réduire  les capacités de nuisance des groupes terroristes ou autres insurgées, de  ne pas négliger la puissance destructrice des pick-up.

 

 

 

[1]La seconde guerre mondiale notamment a été le théâtre d’une série d’avancées scientifiques, notamment avec la conception de nouveaux chars  et autres véhicules spécialisés.

[3]Abbas Kayangar, HassanDjamous: Le héros immortel de la guerre Tchad-Libye, Editions Publibook, 7 sept. 2016,p.30

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La diplomatie silencieuse des symboles de Madeleine Albright

8 Mars 2021, 12:22pm

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

La diplomatie silencieuse des symboles de Madeleine Albright

(c) https://www.wellesley.edu/

Durant les négociations avec la Russie sur le traité antimissile balistique, Madeleine Albright, à  l’époque secrétaire d’État à la maison blanche, arborait sur la poitrine une broche en forme de flèche. Connaissant, la particularité de la communication diplomatique silencieuse de la secrétaire d’État américaine, le ministre russe des affaires étranges n’hésita pas à demander si la broche représentait un intercepteur de missile. La réponse teintée d’humour de la secrétaire d’État fut la suivante « Yes, we make them very small, let’s negotiate ».

Cette anecdote banale pour des processus de négociation sur l’arène internationale n’avait pas moins un sens lourd et profond. Il venait rappeler, d’une certaine façon, que la diplomatie aujourd’hui n’est pas uniquement une affaire d’actes, de paroles ou d’actions. Elle incorpore, qu’on le veuille ou non, une dimension symbolique souvent négligée, mais dont l’importance peut parfois égaler ou aller de pair avec les dimensions visibles. Madeleine Albright, première femme secrétaire d’État dans une arène diplomatique dominée par les hommes et les actes en situation, a su imposer ou faire (re)découvrir la signature de la diplomatie silencieuse ou du symbole à travers sa passion pour les bijoux, et en particulier les broches. Avec cette dernière, jamais l’attention et la prise au sérieux des symboles en diplomatie n’ont été si grandes ; jamais également un diplomate n’aura accordé autant d’importance aux symboles à travers des broches.

(c) sipa press

Le point de départ de l’aventure de Madeleine Albright dans les méandres de la diplomatie des symboles  est assez anecdotique pour ne pas être souligné. Après la guerre du golf, Madeleine Albright, ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, avait la lourde charge de défendre la position assez critique des États-Unis sur les velléités et les ambitions de puissance du régime irakien et de son président de l’époque, Saddam Hussein. La secrétaire d’État n’y alla pas de main morte et, comme on pouvait s’y attendre, l’écho de la ligne dure de Washington se propagea jusqu’aux confins de l’Irak. La presse irakienne, dans un élan de fierté nationale, ne tarda pas à y apporter une réponse en comparant dans un poème Madeleine Albright à un serpent inégale ou sans rivaux.  Après cette saillie médiatique, la représentante permanente des Etats-Unis auprès des Nations Unies eu l’idée d’arborer une broche en forme de serpent dans l’enceinte des Nations Unies où les discussions se poursuivaient sur la question de l’Irak. Interpellé par un journaliste sur le sens a donné à cette broche, Madeleine Albright ne passa pas par quatre chemins pour affirmer que la broche en forme de serpent apposé sur sa poitrine était une référence à la comparaison faite par la presse irakienne. Elle signifiait autrement que la broche qu’elle arborait avait un objectif : passer un message.

Pour celle qui deviendra secrétaire d’État quelques années plus tard, cette première connexion entre la broche en forme de serpent et la réponse des médias irakiens fut le point de départ de la construction d’une stratégie de communication diplomatique basée pour une part non négligeable sur des symboles. Elle en fera carrément une signature particulière et singulière, puisque jusqu’ici aucun autre exemple égalable ne peut être évoqué. La diplomatie du symbole pour Madeleine Albright devint une façon assez subtile de s’adresser aux autres diplomates, de donner à l’avance des signaux sur ses positions ou celles de l’administration Clinton, bref de marquer une intention.

Pendant toute la durée de son séjour au côté du président américain, les symboles ont été les formes les plus subtiles et intrigantes à la fois de la  communication diplomatique de la secrétaire d’État. Toutes les situations, toutes les occasions, heureuses ou malheureuses, tristes ou dramatiques étaient une occasion pour la secrétaire d’État de mettre à l’épreuve sa communication diplomatie particulière. On se souvient à cet égard qu’après les massacres commis en Tchétchénie, la broche correspondante à la situation fut celle représentant les trois singes…

 

 

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