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 RebusExternis

PUBLICATION: MON NOUVEL ESSAI SUR LES CONSEILLERS DES CHEFS D'ETATS

8 Février 2024, 10:41am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

Dans un nouvel essai à paraître le 18 février, je porte un regard sur les conseillers des hauts personnages

Moins d’un an après la sortie de mon recueil de poèmes (« L’Amour Au-dessus de moi »), je vous propose, dans un essai à paraître le 18 février, une immersion dans l’univers particulier des conseillers évoluant au plus près des cercles restreints de pouvoir.

Intitulé « Derrière les chefs d’Etat : le conseiller », cet essai de près de 222 pages tente à partir de sources inédites et de références, de réaliser une restitution synthétique de l’importance des conseillers dans les cercles restreints de pouvoir. Il apporte des éclairages déterminants sur une fonction/position quasi indispensable dans le fonctionnement des ordres politiques contemporains. Accordant une attention particulière au phénomène de conseiller dans les ordres politiques africains, constituant à ses yeux un angle mort des travaux sur les conseillers, cet essai plonge le lecteur au cœur des processus décisionnels et dévoile le pouvoir et l’influence que peuvent (parfois) avoir les conseillers dans les appareils de pouvoir et bien au-delà, notamment au sein des réseaux relationnels dans lesquels ils s’insèrent d’office.

A rebours du regard horizontal considérant les conseillers comme de simples serviteurs des hauts personnages et des institutions assimilées, je m'interroge profondément sur le type de serviteur auquel il est fait référence « Parlons-nous d’un serviteur épousant fidèlement l’image figée d’un cardinal de Dormans portant le manteau royal, donc au potentiel d’affirmation quasi nul ? Ou alors d’un serviteur à la capacité de développer des confrontations au cœur desquelles l’enjeu serait une question de statut, voire de pouvoir ? »

Le lien amazon pour se procurer l'ouvrage: 

Amazon.fr - Derrière les chefs d'Etat: le conseiller - Oumarou, Sali Bouba - Livres

 

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LA DOUBLE PEINE DES PERSONNES EPILEPTIQUES : SOUFFRIR DE LA MALADIE ET DE LA MARGINALISATION SOCIALE

19 Décembre 2023, 14:25pm

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

Maladie neurologique, l’épilepsie est au cœur d'une étude menée à Tanger. Les résultats dévoilent l’ampleur de la stigmatisation sociale dont sont victimes les personnes atteintes de cette affection.

Il ne fait pas bon d’être épileptique dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. En effet, une étude récente, menée par une équipe de chercheurs de l’université Ibn Tofail dans la ville de Tanger, montre que cette maladie est largement méconnue du grand public. Résultat : un sentiment de peur et une multitude de comportements antisociaux sont monnaie courante envers les personnes atteintes de cette maladie neurologique pourtant non transmissible.

Pour parvenir à leurs conclusions publiées dans la revue Antrhopo, une revue révisée par les pairs, les chercheurs se sont rendus au service de neurologie du centre hospitalier préfectoral Al Kortobi. Ils y ont mené une enquête en utilisant un questionnaire standardisée,  ciblant 180 personnes, recrutées parmi les patients épileptiques et les membres de leurs familles.

L’équipe de chercheurs visait ainsi à déterminer « les connaissances, les attitudes et les croyances du public vis-à-vis de l’épilepsie dans la région de Tanger », explique Abdelhalem Mesfioui, co-auteur de l’étude, et professeur à la faculté des sciences de l’université Ibn Tofail (Kenitra).

La connaissance d’une maladie est indispensable pour le personnel soignant, c’est une évidence. Mais cela doit être aussi le cas pour les populations qui doivent développer de bons gestes et reflexes, commente le Dr. Mariam C., neurologue, basé à Tanger, pour souligner la pertinence des objectifs de cette recherche. « Une maladie méconnue du public, même s’il ne s’agit pas d’une affection rare, engendre souvent des fausses croyances préjudiciables à la société », renchérit l’experte, dont les propos font écho à ceux du professeur Najib Kissani, président de la ligue marocaine contre l’epilepsie qui reconnait sur le site de son organisation « qu’à cause des préjugés sur cette maladie [epilepsie] », plusieurs personnes « font l’objet d’exclusion et de marginalisation ».

 UN MANQUE D’INFORMATIONS REMPLACÉ PAR DES INTERPRETATIONS ERRONÉES

Ces commentaires sur les liens entre mauvaises interprétations et méconnaissance de la maladie sont prouvés par l’étude. En effet, selon les chercheurs, l’épilepsie qui se traduit par des crises dont les symptômes varient selon la gravité de la surexcitation soudaine et incontrôlée de vastes groupes de cellules nerveuses, est encore sujette à des interprétations erronées, entretenues par le peu d’informations du grand public sur cette affection.

Bien que 90 personnes sur les 180 interrogées par l’équipe de chercheurs ont reconnu avoir déjà assisté à des convulsions, signes visibles de la maladie, pouvant aller de quelques secondes de perte de conscience à des crises plus violentes ; 66,1% des personnes interrogées ont affirmé n’avoir jamais « lu » ou « entendu parler » de cette maladie, dont serait pourtant victime 50 millions de personnes dans le monde, selon l’organisation mondiale de la santé.

La nature ayant horreur du vide, l’absence d’informations sur l’épilepsie au sein de la population tangéroise fait le lit de la prolifération d’une multitude de causes caricaturales de cette maladie, ainsi qu’une confusion entre les causes réelles de la maladie et les facteurs déclenchants les crises. 

Les résultats de l’étude montrent à cet effet que 40% des participants à l'enquête, soit 72 personnes, estiment que l'épilepsie est une forme de déficience mentale ; 15, 6% attribuent quant à eux cette maladie à des causes surnaturelles, notamment à des djinns ou à l’ensorcellement, tandis d’autres y voient les conséquences du stress (0,6%) et de la consommation de l’alcool et des drogues (15,6%).

« On peut retenir parmi les théories explicatives de l’épilepsie que la croyance en une cause surnaturelle (djinns, mauvais œil, ensorcellement, épreuve divine) est plus importante que le dysfonctionnement du cerveau (6,1%). Cela révèle, à notre avis, la confusion qui règne dans la population à propos des manifestations névrotiques, psychiques et les crises épileptiques organiques », précisent l’équipe de chercheurs dans leur étude.

Ces représentations erronées sur la maladie pourraient être encore s’élargir, si l’échantillon des enquêtés était plus conséquente, commente le Dr. B. Abdel de l’université Abdelmalek Essadi. « Nous n’avons là qu’une partie de l’icerberg », poursuit-il.

UNE MARGINALISATION TOUS AZIMUTS DES PERSONNES EPILEPTIQUES

Outre les diverses fausses croyances proliférant autour de l’épilepsie au sein de la population tangéroise, les résultats de l’étude montrent également que les personnes atteintes de cette affection sont plus susceptibles de faire l’objet de rejet et de margilisation sociale affectant fortement leurs vies affective et professionnelle.

L’équipe de chercheurs a ainsi relevé que 69,4% des enquêtés ne permettent pas à leurs enfants de jouer avec les personnes qui souffrent parfois de convulsions. Pis encore, 78,9 % des participants à l’étude, soit 142 personnes, ne sont pas disposées à autoriser leurs enfants à contracter un mariage avec des personnes épileptiques, et 50% des enquêtés considèrent les épileptiques comme des personnes incapables d’effectuer n’importe quel métier.

« Ces résultats, entre autres, soulignent plus que tout, l’urgence d’une information suffisante des patients sur la réalité de leur affection et d’améliorer la compréhension par l’entourage du patient et le public que l’épilepsie est une maladie neurologique universelle, non transmissible et curable », formule l’équipe de chercheurs. « Il est urgent de proclamer l'épilepsie comme une priorité de santé publique au Maroc, et d’élaborer un programme national », renchérit le Professeur Abdelhalem, membre de l’équipe de recherche.

Invité à commenter les conclusions de cette étude, le Dr. Jamal Temsamani, directeur scientifique, abonde dans le même sens. « Cette maladie neurologique fréquente reste mystérieuse dans notre pays, et il existe encore des préjugés autour de l’epilepsie […] Il y a donc un besoin de sensibiliser le grand public sur cette maladie pour laquelle il existe des traitements simples et accompagner les personnes atteintes ».

 L’ensemble des mesures préconisés par les experts et les recommandations de l’étude vont dans le même sens, ils visent à favoriser la lutte  contre « les préjugés néfastes et les discriminations dans tous les aspects de la vie », notamment en milieu scolaire et professionnel, mais surtout mieux faire connaitre cette maladie ; un objectif qu’essaye d’ores et déjà de concrétiser la ligue marocaine contre l’epilepsie à travers un site internet ( https://epilepsie-maroc.org/ ), dont la mission est de sensibiliser le grand public et d’accompagner les 400.000 personnes atteintes de cette maladie au Maroc.

Sali B.O

 

 

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MES DERNIERS OUVRAGES PUBLIES

19 Décembre 2023, 14:11pm

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

Mes derniers ouvrages publiés:

LES L(ARMES) du pouvoir 

Une série de meurtres inouïs frappent les capitales du Gabon et du Cameroun. Dans les deux cas, la mutilation des victimes suggère l’hypothèse des crimes « rituels » effectués pour avoir accès à au moins deux choses : le pouvoir et l’argent.

Dans le but de démêler les cordes des crimes, l’agent spécial Hayka est mis sur l’affaire. Très, vite il est pris dans l’engrenage d’évènements mystérieux bouleversant radicalement le culte qu’il voue à la rationalité. Pour la première fois de sa vie, il est pris au piège entre deux mondes où les frontières entre milieu physique et métaphysique sont ambulantes ; ou les rôles de « chasseur » et « chassé » ne sont pas toujours clairs.

Dans Les L(armes) du pouvoir, paru aux éditions EMI, Sali Bouba Oumarou plonge les lecteurs dans les réalités pouvant être associées à la face sombre du pouvoir. En partant des faits réels, d’anecdotes les plus improbables les unes des autres, agrémentés de descriptions saisissants de réalisme, il propose un moment d’évasion où les rites s’érigent en point d’observation des rapports de pouvoir et de construction de liens particuliers. Tout au long des 192 pages de ce roman palpitant, le lecteur voit surgir, sous différentes facettes, ces rencontres atypiques des hommes avec leur environnement ; rencontres où performances discursives, gestuelles et manipulation d’objet prennent un sens autre que leurs sens courant.

2-L'AMOUR AU DESSUS DE MOI 

 

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Ce retour presque prévisible et…inquiétant des talibans à Kaboul : vers un variant du sanctuaire du terrorisme ?

18 Août 2021, 09:32am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

 

(c) AFP - WAKIL KOHSAR

Les talibans sont de retour à Kaboul, vingt ans après y avoir été chassés principalement et non exclusivement par les forces armées américaines. Leur avancée des plaines et montagnes pakistanaises[1] où ils étaient vraisemblablement retranchés jusqu’aux portes de Kaboul a été fulgurante. L’opération s’est déroulée en une dizaine de jours, avec en prime une entrée triomphale à Kaboul, presqu’une formalité puisqu’ils n’ont eu à faire à aucune résistance. Ils mirent ainsi un terme à tous les efforts menées pour remodeler le pays, l’inculquer par dose régulière les vertus de la démocratie…à l’américaine. Ils se voulaient depuis puissants et presqu'invincibles, ils viennent d’en donner une preuve supplémentaire. L’Afghanistan serait-il, comme le pensait l’écrivain britannique Rudyard Kipling, une terre où les empires venaient mourir ? Tout porte à le croire, puisque durant vingt ans, la puissance des puissances à coups de milliards de dollars n’aura pas réussi son pari  de reconstruire l'Afghanistan, d’éloigner les talibans du pouvoir, encore moins la présence d’Al Qaida dans la région. Certes, les États-Unis, aidés d’autres pays, ont pu réduire la  puissance militaire des talibans, détruire les bases d'Al Qaida, entamé le morale des troupes talibanes durant les deux décennies passées, mais ils n’ont jamais réussi à anéantir la détermination  de ces dernières à combattre, à reprendre leur revanche en somme. Le scénario actuel fait sans doute penser à la déroute soviétique, qui après avoir envahi le pays en 1979, se retira en 1989, sans pouvoir contrôler plus du cinquième du pays. Bien avant eux, l'actuel scénario rappelle les débâcles de la Grande-Bretagne dans ce même pays en 1842, 1880, puis en 1919. À chaque fois que le peuple afghan a dû confronter une puissance extérieure, il a toujours réussi sur le temps long à reprendre le dessus. Ce retour des talibans au-devant de la scène politique et militaire afghane n’est pas donc dans le fond une surprise renversante, même si aujourd’hui, on devrait s’inquiéter plus qu’hier de ce retour.

Un retour prévisible…

            En 2001, lorsque les premiers B52 larguaient leurs bombes sur les installations militaires des talibans et sur les camps d’entrainement d’Al Qaida, l’équation était relativement simple : il s’agissait de faire tomber les symboles identifiables du pouvoir  en place, et de briser par la même occasion l’alliance établit par les talibans et l’organisation terroriste Al Qaida. Quelques semaines plus tard, la situation était tout autre, il s’agissait désormais de combattre des individus toujours fanatisés, déterminés, troquant à souhait des habits d’insurgés à ceux de civils, et évoluant de manière furtive entre les territoires afghan et pakistanais. Il s’agissait en somme de combattre un ennemi devenu plus invisible, mais bien présent et par-dessus tout mouvant à l’image d’un fluide épousant les formes de son environnement. Dans un État à la géographie très accidentée, aux tribus et ethnies disparates chevauchant les frontières, les talibans n’eurent pas du mal, pour le dire ainsi, à se fondre dans le décor, à se réinventer, et adapter leur capacité de résistance, de nuisance et de survie. Durant les vingt ans qu’aura dura la présence de la coalition internationale  principalement dans les centres urbains d’importances stratégiques, les talibans et les membres d’Al Qaida ont su au concret mettre en œuvre une stratégie d’existence souterraine basée sur un repli dans les montagnes et certaines régions pakistanaises ; cette existence souterraine a longuement été entretenue par des attentats, des attaques sporadiques, mais bien ciblées et parfois désastreuses. Elle a également particulièrement misé sur la destruction intensive des infrastructures symbolisant la présence étrangère en Afghanistan. Hormis les attaques contre les forces de la coalition internationale, les talibans ont distillé tout au long des tentatives de redressement institutionnel de l’Afghanistan un climat de grande insécurité au sein même des populations afghanes. On se souvient encore que les périodes électorales en Afghanistan post-régime taliban ont toutes été marquées par la mort de plusieurs candidats et l’impossibilité pour certaines régions et districts d’ouvrir des bureaux de vote. Ajouté à cela, les talibans ont su, plus que par le passé, tirer profit des trafics transfrontaliers en tout genre pour supporter sur le temps long leur économie de guerre. Ils ont même pu constituer de manière informelle des forces sur lesquelles  reposaient la sécurisation d’une part non négligeable du commerce transfrontalier et des travaux publics dans les régions où ils bénéficiaient d’une grande loyauté de la part des populations vautrés dans la pauvreté. Bien évidemment, on ne saurait omettre de mentionner le renouvellement, d’une part, de leurs liens de solidarité internationale avec des organisations partageant leurs idéaux, et d’autre part l’adoption de nouvelles stratégies discursives visant à attirer la sympathie d’une frange de la population à leurs causes.

            Cette adaptation stratégique des talibans et un recadrage de leurs discours, au-delà de conforter leurs espérances à un retour à Kaboul,  ont considérablement essoufflé  et perturbé les forces de la coalition internationale qui, a défaut de nier la réalité, n’ont eu de cesse de la maquiller, rendant encore plus probable le retour des talibans aux affaires. En effet, le discours officiel, public donc, consistait à souligner, statistiques maquillés à l’appui, les progrès réaliser en Afghanistan. Cependant sous cape,  certains hauts responsables américains, après  une bonne décennie dans le bourbier afghan, reconnaissaient que la situation sur le terrain s’enlisait, allant même à affirmer, pour certains, qu’ils ne comprenaient plus l’objet de leurs présences dans un pays dont il n’arrivait pas toujours à comprendre les logiques. L’enquête du Washington post, daté de 2019,  relevait  à ce propos que « les responsables américains ont reconnu que leurs stratégies de combat étaient fatalement erronées et que Washington a gaspillé d'énormes sommes d'argent pour tenter de faire de l'Afghanistan une nation moderne »[2]. Cette enquête relevait également que plusieurs confidences, notamment des hauts gradés de l’armée, ont décrit les efforts explicites et soutenus du gouvernement américain pour faire croire que les États-Unis gagnaient la guerre alors que ce n'était pas le cas. Bob Crowley, officier supérieur, cité par le Washington post, résumait cela par cette volonté de présenter « la meilleure image possible »[3] du terrain afghan, alors même qu’un rapport intitulé « les leçons apprises » soulignait tout simplement, et ce, dès son introduction, que la stratégie de stabilisation et les programmes utilisés pour la réaliser en Afghanistan n'étaient pas correctement adaptés au contexte, et  de surcroît, il insistait sur le fait que les succès en matière de stabilisation des districts afghans duraient rarement plus longtemps que la présence physique des troupes de la coalition et des civils[4]. Tout porte à croire, ici, que le réalisme a été délaissé pour privilégier un enthousiasme virtuel, alors même que c’est le premier principe qui est nécessaire pour fonder l’action. Nier être malade n’est pas une stratégie pour guérir, c’est bien plutôt un moyen de favoriser la progression de la maladie. Aujourd’hui le résultat est bien visible.

            Last but not the least, le retour des talibans à Kaboul est devenu une forte probabilité au moment de l’annonce du retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Cette décision qui s’est accompagnée dans la foulée de  négociation avec les talibans, a précipité la réorganisation des talibans, et accéléré la diffusion de l’insécurité dans le pays. Dès cet instant, il  ne fut  plus possible de couvrir la réalité sur la faiblesse des forces de défense et sécurité afghanes. L’évidence était là, l’armée et la police afghane, formées, équipées et payées par les États-Unis n’avaient aucune capacité à faire face aux talibans aguerris aux combats. Les formateurs militaires américains reconnaissaient déjà, en dépit de certains discours glorifiant les forces armées afghanes, que ces dernières étaient largement incompétentes, démotivés, pleines de déserteurs et engluées dans la corruption et les détournements. Malgré des équipements américains valant des millions de dollars, les forces défense et de sécurité afghanes n’avaient véritablement aucune capacité à repousser, et encore moins à vaincre, les talibans par leurs propres moyens. On comprend dès lors pourquoi le président américain Joe Biden a pu dire fatalement que « les troupes américaines ne peuvent et ne doivent pas se battre et mourir dans une guerre que les forces afghanes ne sont pas prêtes à mener elles-mêmes » ; « Nous leur avons donné toutes les chances de déterminer leur propre avenir. Nous n'avons pas pu leur donner la volonté de se battre pour cet avenir », a-t-il ajouté.  

            On le voit, plus qu’une éventualité, la conjonction des facteurs propres à la détermination des talibans, à la géographie, au tissu social afghan et surtout à  l’inadaptation des stratégies de la coalition internationale ont tracé la voie à un retour des talibans aux affaires. Maintenant que l’Afghanistan décrié hier semble être revenu au-devant de la scène, toutes les inquiétudes et les questions concernent l’avenir. Et cela se justifie amplement !

Un avenir incertain et inquiétant….

            Les  talibans sont de retour, un peu plus fort qu’hier, car triplement vainqueur : d’abord des forces de la coalition internationale, plus particulièrement des forces américaines, et enfin de ce qui semblait représenter les forces de défense et de sécurité afghanes. Ils reprennent ainsi non seulement le pouvoir politique, donc la capacité à imposer l’ordre du jour du pays, mais également une capacité militaire largement dopée par l’arsenal militaire important récupéré aux forces afghanes; un arsenal militaire financé par les citoyens américains au nom desquels était menait l’aventure afghane. Le nouvel émirat islamique détient donc entre les mains toutes les cartes, enfin les principales,  pour  asseoir son hégémonie et ses idéaux sur une large partie du territoire afghan et sa population, dont toute une génération entière, ceux d’entre les afghans nés entre 2001 et 2021, découvriront leur gouvernance atypique. La première crainte de ce retour est sans nul doute la régression que pourraient connaitre les libertés des afghans, et particulièrement des Afghanes. Il est certes vrai que les discours des « nouveaux » talibans, plus précisément  ceux de leurs figures publiques, tendent à rassurer, cependant sur le terrain, au ras du sol, la vie faite des restrictions et interdictions d’antan semble avoir reprendre peu à peu droit de citer. Certes, on n’est pas encore aux décisions extrêmes du premier régime taliban où les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier,  mais on souligne déjà des exécutions sommaires des forces afghans ayant voulus se rendre, on fait allusion à des exactions perpétrées dans la sud du pays, on fait allusion à des restrictions des droits fondamentaux des femmes, on évoque les hommes qui ressortent des placards les shalwar kameez - l'ample habit traditionnel afghan, les talibans rappellent eux même l’obligation de porter le hijab, et la télévision d'État diffuse en continu des programmes islamiques, etc. Bref, comme nous le soulignons dans un passage de notre dernier roman sur la question de la radicalisation, il y a là,  la volonté des talibans d’être « des tapis roulants de l’ascension vers ciel. Ils veulent être des chauffeurs de la vie des autres hommes ». Ce serait une surprise renversante de voir le nouveau pouvoir afghan ne pas continuer sur cette lancée, au risque de créer de dissensions en son propre sein au sein, de ses combattants et idéologues en somme.

            La deuxième crainte du retour des talibans au pouvoir pourrait être l’exclusion d’une bonne frange de la population afghane de la gestion des affaires publiques. Les membres de l’ancien régime, qu’ils soient petits fonctionnaires aux hommes politiques risquent à long terme faire l’objet, soit d’une attention et surveillance particulières, soit de traitements dégradants visant à leurs faire « payer » leurs collaborations avec les forces internationales. Pour l’instant officiellement l’heure à ce qu’ils appellent l’amnistie générale, mais cette volonté affichée, théorique donc, ne pourra tenir sur le long terme, surtout que certains membres de l'ancien régime seraient actuellement activement recherchés.

        La troisième crainte et non des moindres, dont les répercutions pourraient être internationales, serait de voir l’Afghanistan redevenir plus qu’hier,  le berceau des groupes terroristes partageant leurs idéaux et vision du monde. La victoire des talibans a été pour une part tributaire de l’apport et de l’accompagnement de certains groupes terroristes, notamment d’Al Qaida[5]. Il est bien concevable que ces derniers, en retour, attendent protection et mise à disposition, même de façon informelle, de soutien leur permettant de se reconstruire avant de nouvelles projections en dehors des frontières afghanes. Bien sûr, les Talibans ont bien pris conscience que soutenir ouvertement des groupes dits terroristes supposerait un retour à l’isolement diplomatique des années 1990, et laisserait planer l’ombre d’une « nouvelle guerre d’Afghanistan », l’accord signé  avec les États-Unis bien avant la reprise de Kaboul le montre bien. Néanmoins, entre les discours, les signatures d’accords et la réalité, il existe un fossé que les talibans ne sont pas prêts de combler, au risque de connaitre d’importants troubles internes. Quoiqu’il en soi, le numéro 2 des talibans dans une tribune datée de février 2020, soulignait l'importance pour ce qu’il appelait alors « le nouvel Afghanistan » de maintenir des relations amicales avec tous les pays et prendre leurs préoccupations au sérieux, tout en étant un membre responsable de la communauté internationale. La question est de savoir s’ils sont prêts à payer le prix de cette voie ? le doute est permis quand on connait les enjeux!
                                                              Tanger le 18/08/2021 -01H25


[1] Les autorités afghanes dont le président Ashraf Ghani n’ont eu de cesse de pointer du doigt le Pakistan comme un des responsables de la violence en Afghanistan.

[2] cf https://www.washingtonpost.com/graphics/2019/investigations/afghanistan-papers/afghanistan-war-confidential-documents/

[3] ibid

[4] ibid

[5] Les Nations unies ont eu à relever qu’Al QAIDA était “présente dans au moins 15 provinces afghanes”. Plus encore, il est reconnu  que sa branche régionale dans le sous-continent indien “agi[ssai]t sous la protection des talibans depuis les provinces de Kandahar, de Helmand et de Nimroz”.

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"Mon œuvre a jailli d’un irrésistible besoin intérieur": Søren Kirkegaard, un auteur à découvrir!

13 Août 2021, 13:51pm

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

            Søren Kierkegaard s’est éteint en 1885. Cela fait donc 136 ans que les idées de cet –écrivain-philosophe, contenues dans divers ouvrages aux titres hors du commun, continuent de hanter délicatement notre monde. Bien audacieux celui qui oserait prétendre pouvoir résumer toutes ses idées, toute la pensée et la vision du monde de celui qui peut être valablement considéré comme le précurseur de l’existentialisme, cette obsession de parler de l’existence concrète, de ses bifurcations, potentielles évolutions et transformations.

            Kierkegaard est certainement un auteur à connaitre, à lire, et à faire lire. Bien que nous l’ayons connu au hasard de la lecture de son traité sur le désespoir, et non durant les leçons de philosophie que nous apprîmes graduellement à aimer au lycée, l’exploration de la pensée de cet auteur est toujours un voyage sur les crêtes de notre propre vie. Parce qu’attachée à l’existence dans laquelle nous sommes encore plongée, parcequ’intimement liée à la vie tumultueuse et pleine de rebondissements de l’auteur, cette pensée, dans son ensemble, si tant  est qu’elle peut former un ensemble cohérent, est susceptible de se superposer sur les chemins tortueux ou rectilignes de nos passions et désirs, de nos luttes et inlassable quête de liberté et vérité. Qui d’entre nous ne sait jamais poser de questions sur le sens de l’existence, sur la voie à suivre pour affirmer son authenticité et sa qualité d’être unique ? Qui n’a jamais remis en question sa façon de vivre, d’interagir avec son monde et le monde ? Tout au long des étapes de nos vies, de la succession du temps qui nous anime, il arrive des instants où ces questions et bien d’autres fixent la mesure, le tempo de la conscience que nous avons ou pouvons avoir de notre propre existence. L’urgence, à ces moments-là, n’est plus tant de vivre, d’exister, mais de trouver des réponses au sens de notre existence.

            Il y a trois stades de l’existence nous dit Kierkegaard. Ainsi chaque conscience est placée devant  trois façons de vivre, entre trois stades qu’il peut vivre successivement ou dont il peut choisir un qui exprimera d’une manière ou d’une autre sa liberté.  Il y a d’abord le stade esthétique où l’on vit dans l’instant, dans le fini, où le passé est la référence première, les plaisirs de courte durée sont très vite supplantés par la tristesse et la mélancolie. Jean Wahl résume cela par cette formule « L’esthéticien a l’espérance derrière soi et le souvenir devant soi ». Au stade esthétique on vit en permanence dans la douleur, et les expériences de la vie semblent avoir la même saveur, elles sont en somme rectilignes, détachées de toute durée. Quoiqu’on fasse, encore que le moi n’est désormais ici  plus qu’une sorte d’ombre, relégué en arrière-plan au profit de ce qui ne nous appartient pas, on se retrouve toujours hors de sa propre existence, de cette possibilité d’opérer de véritables jugements, de se détacher de l’angoisse et de l’anxiété. Kierkegaard écrit à ce propos : « Outre mes nombreuses autres relations, j’ai encore un confident intime-ma mélancolie ; suis-je en pleine joie, en plein travail, elle me fait signe, m’appelle à l’écart, bien que mon corps ne change pas de place. Ma mélancolie est l’amante la plus fidèle que j’aie connue ; quoi d’étonnant que je l’aime en retour ? »[1].

            Ensuite, il y a le stade éthique où le temps ne se perçoit plus en trait discontinu, mais comme une voie à suivre. La conscience, perdue dans le stade esthétique, se réaffirme puisqu’on est de nouveau capable de décider, de véritablement exister par soi même ; dans le stade éthique, on est capable de s’engager, avec volonté et intelligence tel que le conçoit Landsberg. Le langage réflexif qui caractérise ce stade de la vie autorise l’action active dans la vie sociale et le monde. À l’inverse donc de l’esthéticien qui privilégie spontanéité, l’éthicien est un homme de projet, envisageant le temps dans la durée, projetant sa vie autour d’un avenir construit au fil des possibilités qui la déterminera.  Il y a forcement ici une construction graduelle du moi marquée non seulement par l’intérêt porté sur ce qui nous appartient : intériorité, mais également par ce qui ne nous appartient pas : les règles sociales.

            Au-dessus de ce stade, il y a enfin le stade religieux, nous dit Søren Kierkegaard. C’est le stade ou l’individu est davantage intériorisé, et réalise l’élévation existentielle. Il découvre que l’intériorité  ne saurait être vérité, quand la vérité absolue le dépasse et exigence pour sa connaissance un don divin. Pour Kierkegaard, il s’agit là du stade le plus élevé de la vie que les hommes peuvent espérer atteindre. Il s'agit en d’autres termes d’un stade matérialisant la progression au-delà des deux étapes précédentes, un passage à quelque chose de profond et de palpitant. Dans la vie esthétique, si les passions et désirs l’emportent, et dans le stade éthique on reprend quelque part possession de son moi, au stade religieux on est gouverné par une foi totale en Dieu, donnant un véritable sens à la vie.

 

 

 

 

 

[1]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1]

« Mon œuvre a jailli d’un irrésistible besoin intérieur, elle a été la seule possibilité offerte à un mélancolique profondément humilié. » Søren Kierkegaard, Point de vue explicatif de mon œuvre d’écrivain

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TERRORISME EN AFRIQUE : LES CIVILS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST PAYENT LE LOURD TRIBU!

17 Juin 2021, 10:52am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

Source:https://unowas.unmissions.org/

Dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 juin 2021, le terrorisme a encore frappé durement la ville de Solhan, au Burkina Faso. Le bilan provisoire dressé par les autorités est effroyable : au moins 160 personnes, dont des enfants, ont  trouvé la mort dans des conditions atroces.  L’attaque, qualifiée par la presse comme la  plus meurtrière enregistrée dans ce pays depuis le début des violences en 2015, est venue rappeler que le Burkina Faso, et plus généralement, l’Afrique constitue désormais un terreau fertile pour les terroristes et leurs activités criminelles. L’analyse des statistiques du centre de recherche de l’Union Africaine sur le terrorisme, entre les mois de janvier et d’août 2020, dévoile cette tendance haussière des violences terroristes sur le continent. Ainsi, le nombre d’incidents terroristes enregistrés mensuellement, durant cette période, s’établit à au moins 100, avec un pic important entre les mois de mai et août 2020. Avec 288 incidents terroristes enregistrés, le mois de juillet 2020 a particulièrement été marqué par le sceau du terrorisme

source: Sali BouBa O. compilation données UA/Caert

 

L’Afrique de L’Ouest et L’Afrique Centrale, deux aires de concentrations d’activités terroristes.

L’évolution des incidents terroristes en Afrique montre que la partie Ouest du continent et l’Afrique Centrale sont les deux régions où les divers groupes terroristes, notamment Boko Haram, Al Shabab et Iswap, rivalisent dans l’ingénierie de la criminalité et la terreur. Alors que l’Afrique de l’Est et l’Afrique du Nord sont relativement épargnées, des  Etats  tel que  le  Nigeria, le Burkina Faso, le Niger et le Mali, tous situés en Afrique de l'Ouest, ont de leur coté enregistré plus d’un incident terroriste, dont les principales cibles sont d’abord les civils, puis les militaires et les forces de sécurité.

source. Sali Bouba O. Compilation données UA/Caert

 

source. Sali Bouba O.compilation des données UA/Caert

 

Cette focalisation des terroristes sur l’Afrique de l’Ouest  et les cibles civiles confirme quelque part les propos du représentant spécial des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, qui souligna, à l’occasion d’une séance publique du conseil de sécurité, que le nombre des victimes des violences terroristes au Burkina Faso, au Mali et au Niger a été multiplié par 5 depuis 2016, avec près de 4000 morts, dont de nombreux civils,  au cours de la seule année 2019.  

Bien que les moyens utilisés par les groupes terroristes pour créer le chaos et la désolation soient diversifiés, les données du centre de recherche sur le terrorisme de l’Union Africaine montrent que les armes légères et de petits calibres, ainsi que les engins explosifs improvisés sont de loin les outils privilégiés par les entrepreneurs de la terreur. Durant toute la période couverte par les données de l’Union Africaine, les armes légères constituent le principal moyen employé par les terroristes pour  s'affirmer et s'introduire par effraction dans l'agenda sécuritaire des pouvoirs publics.

Ce constat pourrait aisément s’expliquer par le fait que jusqu'à présent, l’Afrique reste une des parties du monde gravement touché par le fléau des armes légères. Le small arm survey, un centre de recherche basé à Genève, relevait dans une étude que plus de 80% des armes légères en Afrique était détenu par des civils. Ainsi, une des pistes pour réduire la capacité de nuisance des terroristes serait donc de mettre davantage l’accent sur la problématique de la circulation illicite  et la réglementation de l’usage des armes légères et de petits calibres.

Tanger le 17 Juin 2021.

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Quête de transparence des ONG dans le secteur de la sécurité au Niger : briser continuellement le plafond de verre

3 Mai 2021, 12:19pm

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

Chers lecteurs, nous vous proposons ci-dessous l’introduction de notre article publié dans le n°2 de la Revue Paix et Sécurité en Afrique subsaharienne. Nov.2020.Il peut être mis à votre disposition sur simple demande! Bonne lecture.

Quête de transparence des ONG dans le secteur de la sécurité au Niger : briser continuellement le plafond de verre

Résumé :

En explorant comment les ONG, mobilisées dans l’affaire des « surfacturations » au Niger, ont pu réfuter l’idée de l’impossible transparence du secteur de la sécurité, cet article a pour ambition de démontrer que les acteurs externes à ce secteur régalien, où domine largement le secret, ont la capacité d’apporter une contribution à la quête de la transparence. Cette démonstration s’appuie sur une enquête qualitative portée sur l’étude de documents et des discours (circulant prioritairement sur l’espace numérique) permettant de localiser les répertoires d’actions développées, ainsi que les difficultés pertinentes rencontrées par les ONG dans leur quête de la transparence dans le secteur de la sécurité.

Mots clés : ONG ; Niger ; corruption ; transparence ; répertoires d’action

Introduction.

Depuis le mois de février 2020, les récits sur la gestion questionnable des ressources du secteur de la sécurité au Niger rythment les débats médiatiques locaux et internationaux. Que l’on s’intéresse à la presse locale ou internationale, la même image revient avec insistance : celle d’un secteur de la sécurité, en l’occurrence ici l’armée, dont la gestion des ressources financières ne respecte pas toujours les exigences éthiques, les règles de conformité et les implorations de performance recherchées dans le secteur public (Takoubakoye, 2017), en général. De fait, les résultats d’un audit sans précédent de l’inspection générale des armées ont fait état de ce que sur les commandes passées par le ministère nigérien de la Défense, entre les années 2017 et 2019, près de 32,6 milliards F CFA auraient été détournés au moyen des surfacturations et la non-livraison. Inédite, l’ampleur de cette suspicion de corruption, cataloguée par la presse « de l’affaire des surfacturations » (Jeune Afrique, 2020) est venue remettre en question les progrès réalisés dans la mise en place d’institutions internes de contrôle de conformité et de quête de la performance au sein de l’armée nigérienne. Si sur la question de la transparence dans ce secteur stratégique, des institutions internes telles que l’inspection générale des armées et de la gendarmerie nationale existent, et de toute évidence, jouent une partition dans les processus de consolidation de la transparence, l’action des organisations non gouvernementales n’a pas été moindre pour permettre de toucher le cœur du problème : celui de la transparence et la reddition des comptes dans le secteur de la sécurité. Pour aller à l’essentiel, n’eut été l’inscription dans la durée de cette « affaire » dans l’espace public et la mobilisation multiniveau des organisations non gouvernementales, le réflexe de l’autorité publique fut, d’abord, celui du secret, et de la discrétion pour évacuer le sujet par des arrangements administratifs « à l’amiable »1. Ce fut fondamentalement l’entrée par effraction, par diverses modalités, d’une diversité d’acteurs — dont des organisations non gouvernementales— dans cette « affaire des surfacturations » qui créa le point de rupture dans les thérapeutiques envisageant accessoirement des poursuites judiciaires. Cette réalité n’est pas sans interroger le potentiel des organisations non gouvernementales dans la quête de la transparence dans le secteur sensible et auréolé de secret de la défense. On se pose notamment la question de savoir : par quels moyens d’action les organisations non gouvernementales interviennent-elles dans la quête de la transparence et la reddition des comptes dans le secteur de la sécurité ? À quelles difficultés peuvent-elles être confrontées ?

En expliquant comment les ONG ont pu réfuter l’idée de l’impossible transparence du secteur de la sécurité suite à l’éclatement de « l’affaire des surfacturations », tout en accordant un point aux difficultés auxquelles ces acteurs ont été confrontés, cet article a pour objectif de démontrer que les ONG ont la capacité de contribuer à la quête de la transparence et la reddition des comptes dans un secteur régalien potentiellement imperméable à leurs actions. Il y a là, l’intention d’actualiser, à travers l’étude d’un cas situé, le débat initié dès les années 1980 (Otayek, 2002) sur les rôles que les acteurs du secteur, a priori, non marchand pourraient jouer dans les processus de consolidation de l’État de droit. Les ONG nigériennes, et plus largement la société civile, sont en effet reconnues avoir participé aux transformations qui ont bouleversé, non seulement les rapports entre l’État et les citoyens (Gazibo, 2007a), mais également les formes de revendications publiques qui, si elles n’étaient pas impossibles, au lendemain des indépendances, étaient tout simplement clandestines. Aujourd’hui encore, elles contribuent autant à la définition de nouvelles formes de participation publique, qu’à l’exposition et le cadrage interprétatif de certains problèmes publics (MahamanTidjani Alou, 2016). La crise alimentaire de 2005 a donné à voir comment ces acteurs ont grandement contribué, par la dénonciation et l’occupation de l’espace public, par diverses modalités d’action, à l’ajustement des réponses de l’autorité publique à la problématique du détournement de l’aide alimentaire (Gazibo, 2007b).

Cette recherche se situe sur un plan théorique, dans le champ des études sur la sociologie des mobilisations (Neveu, 2005 ; Banégas, 2005). Elle s’ancre dans le prolongement des études sur les différentes formes de participation et d’engagement politiques (Chazel, 1986), des études « des rapports sociaux médiatisés » (Macé, 2001 : 245) et des études de la politique par le bas qui mettent l’accent, entre autres, sur « les modes populaires d’action politique » (Martin, 1989 ; Tilly, 1984a). Elle s’appuie méthodologiquement sur une enquête qualitative portée sur l’étude de documents et des discours (circulant prioritairement sur l’espace numérique) permettant de localiser les répertoires d’actions (Tilly, 1984a) développées ainsi que les difficultés pertinentes rencontrées par les acteurs engagés dans la quête de la transparence dans l’affaire des « surfacturations ». Une part importante de nos résultats relève d’une focalisation sur les répertoires d’actions développées par l’ONG Alternative Espaces Citoyens2 , à titre individuel ou collectivement, dans le cadre de regroupements ou collectifs d’associations s’étant mobilisés autour de l’ « affaire des surfacturations ». Ce choix a été guidé par une revue de presse nationale (nigérienne) et internationale en ligne rassemblant des supports relativement différents (L’Évènement Niger ; Indépendant plus ; Jeune Afrique ; Afp ; le Point, etc.) qui a permis de relever une visibilité multiforme (discours, actions de terrain, manifestations etc.) de cet acteur de la société civile nigérienne. Bien que les cas mobilisés pour cette étude ne sauraient épuiser les différentes formes de réfutation de l’impossible transparence du secteur de la sécurité au Niger mises en œuvre par les acteurs externes au secteur public, ni les difficultés que peuvent rencontrer ces acteurs dans cette quête, encore moins toutes les catégories d’acteurs engagés pour cette cause, ils permettent de restituer des contributions pertinentes qui se distinguent radicalement des modalités classiques de contrôle de la transparence dans le secteur de la sécurité au Niger

 

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« LA PAIX SOIT AVEC VOUS, Jean 20, 19 ». LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU TCHAD S’AFFIRME DANS LE CHAMP DE LA PAIX ET LA DIPLOMATIE SPIRITUELLE

23 Avril 2021, 11:32am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

(c)Anthony Ham/Gettyimages

Le 22 avril 2021, à la suite de la mort tragique du président Idriss Deby, la conférence épiscopale du Tchad, par l’entremise de l’archevêque métropolitain de Ndjamena, a rendu public un communiqué dans lequel elle se positionne sur la situation politique fragile actuelle que traverse ce pays d’Afrique centrale. Cette sortie remarquée des hommes inspirés, agissant à titre individuel ou collectif pour la recherche de la paix sur le continent, vient, une fois de plus, confirmer le rôle pacificateur que peuvent jouer les institutions religieuses tant au niveau local que sur le plan international.

Façonnée par le pacifisme au cœur de la fondation de la foi chrétienne, la conférence épiscopale à travers son communiqué, mettant au cœur du changement positif «  une conversion profonde »  des citoyens tchadiens, chacun en ce qui le concerne,  cherche à prolonger un message spirituel censé être porté le collectif des fidèles et les citoyens, en général. Au plus concret, à travers cette démarche, cette institution marque son attachement aux valeurs religieuses fondant son identité  tout en jouant un rôle positif dans le processus de diffusion d’un message de paix, de renonciation à la violence et de réconciliation. La période de trouble actuelle, caractérisée par un conflit qualifié de « fratricide » ayant conduit à la mort du président Idriss Deby, se révèle, en effet,  propice pour la réaffirmation des pratiques de pacification originales, matérielles et immatérielles, portées par des valeurs religieuses.  

 

Dans sa démarche et fidèle à son identité politique et sociale, la conférence épiscopale exploite largement des références religieuses qui apportent une légitimité incontestable, à la fois sociale et spirituelle, à son action. Ainsi, la paix des évangiles que l’on retrouve dans « Jean 20, 19 »  constitue la trame voire le pilier du message pacificateur adressé à l’endroit des citoyens tchadiens et plus particulièrement à ceux ayant recours à la force des armes. Au sens du communiqué, cette paix des cœurs et des esprits est la thérapeutique idéale pour « les angoisses » actuelles, et le fortifiant indispensable pour les « espérances » du peuple tchadien.

Consacrant une forme de diplomatie spirituelle s’adressant d’abord au niveau de l’individu puis à la société, la paix dont il est question, et à laquelle la conférence épiscopale se veut le chantre, transcende les divisions de toutes sortes et favorise, ce que nous appelons  une réconciliation profonde. Forgée autant dans la conscience de l’histoire collective que de la mémoire communautaire positive, cette réconciliation n’est pas défaite ou victoire d’une partie sur une autre, mais bien plutôt « victoire de la paix sur la violence ». Elle n’est pas rapport affirmé de puissance par les armes, mais bien plutôt dialogue sincère et juste. Elle n’est pas en fin de compte, triomphe du mépris, de l’arrogance, de la patrimonialisation des biens communs, et manipulation des institutions; elle est bien plutôt « respect des personnes », « souci du bien commun », respect des institutions  et « justice sociale ».

Confession pour confession, cette démarche appréciable de la conférence épiscopale renforce certainement le caractère indispensable des démarches pacificatrices par le bas condamnant de façon originale le recours à la violence destructrice et reconnaissant par-dessus tout l’importance de la personne humaine dans les sociétés.

Tanger le 23/04/2021, 2H23.

Communiqué intégrale de la conférence épiscopale
Communiqué intégrale de la conférence épiscopale

Communiqué intégrale de la conférence épiscopale

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Policy brief: ANALYSE PRAGMATIQUE DES USAGES CONTEXTUALISES DU SLOGAN POLITIQUE « UN COUP K.O »DANS LES CAMPAGNES ÉLECTORALES EN AFRIQUE DE L’OUEST

20 Avril 2021, 11:24am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

(c) shutterstock

Chers lecteurs, nous vous proposons ci-dessous l’introduction d'un policy brief inédit sur le slogan politique "UN COUP K.O". Il peut être mis à votre disposition sur simple demande! Bonne lecture

ANALYSE PRAGMATIQUE DES USAGES CONTEXTUALISES DU SLOGAN POLITIQUE « UN COUP K.O »DANS LES CAMPAGNES ÉLECTORALES EN AFRIQUE DE L’OUEST

Résumé

Il n’est pas rare que les entrepreneurs politiques, dans leurs stratégies et méthodes pour la conquête du pouvoir politique, empruntent à d’autres domaines des mots particuliers. La popularisation du slogan « un coup KO », au cours des dernières élections présidentielles en Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée Conakry, en Côte d’Ivoire et au Niger, expose bien ce processus d’exportation et d’introduction d’expression spécifique à d’autres champs, en l’occurrence aux sports de combat, à celui de la compétition électorale. Dans les discours politiques et les articles de presse retraçant l’actualité des campagnes électorales de ces élections présidentielles, ce slogan a acquis une saillance et des usages aux facettes multiples que le présent policy brief tente de démontrer selon un prisme pragmatique.

Introduction

Le slogan politique est bien souvent considéré comme un indicateur de la vitalité de la parole politique dans sa fonction persuasive. Même si ce constat est parfois exagéré et/ou dénié, il est par contre irréfutable, aujourd’hui ,que le slogan politique est un invariant des étapes fondamentales de la vie démocratique des États ; lors des campagnes électorales, il a, au sens de certains travaux, cette capacité d’influencer[1] et de marquer les esprits. Il aurait également ce pouvoir  de rallier, de faire marcher, au sens propre comme au sens figuré[2]

De l’originalité de ces quelques potentielles fonctions assumées par les slogans politiques  lors des échéances électorales, les entrepreneurs politiques et leurs différents états-majors ne lésinent sur aucun moyen pour imaginer ou forger des slogans susceptibles de marquer l’électorat et porter leur message politique « […] d’une manière aussi claire et « raisonnable » que possible »[3].  Ainsi, n’est-il pas rare que, dans ce processus d’ingénierie de communication politique pour la quête ou la conquête de mandat  politique, les entrepreneurs politiques s'inspirent ou se nourrissent très largement d’objets, d’expressions ou actes langagiers particuliers appartenant à d’autres domaines proches ou lointains. La popularisation du slogan « un coup K.O » au cours des dernières élections présidentielles en Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée Conakry, puis en Côte d'Ivoire et au Niger, expose bien ce processus d’exportation et d’introduction d’expressions spécifiques à d’autres champs, en l’occurrence aux sports des combats,à celui de la compétition électorale.

Entamée en Guinée Conakry, lors de la campagne pour  l’élection présidentielle[4]du 1 er octobre 2015 où le président sortant, Alpha Condé, était à la recherche d’un nouveau mandat, cette formule concise, épousant les contours de la nature antagonique de l’activité politique, s’est propagé dans les campagnes électorales ivoirienne et nigérienne de 2015 où elle a été reprise, pour l’essentiel, par les responsables des partis au pouvoir à la quête du renouvellement du mandat de leur leader.

États[5]

Début campagne électorale

Candidat du parti au pouvoir

Nombre de candidats en lice

Guinée Conakry

10 septembre 2015

Alpha condé

8

Côte d’Ivoire

09 octobre 2015

Alassane Drame Ouattara

10

Niger

30 janvier 2016

Mahamadou Issoufou

15

Figure 1- tableau synoptique des campagnes électorales et des acteurs étudiés- source : auteur

Dans plusieurs communications officielles, orales et écrites, dont les fréquences furent amplifiées la plupart du temps par les mass médias, les locuteurs des partis politiques au pouvoir, engagés dans les différentes campagnes présidentielles, ont usé de façon directe ce slogan politique ou des dérivés pouvant s’y rattacher. Ce fut le cas de l’épouse du candidat du RHDP[6],Dominique Ouattara, qui, dans une allocution aux femmes de Côte d’Ivoire, appela en langue locale à faire triompher le fameux « Coup K.O ». « Je compte sur vous pour qu’au soir du 25 octobre 2015, Alassane Ouattara soit élu TAKOKELE, je dis bien TAKOKELE… un coup KO mes chères sœurs »[7]. Ce fut également le cas du candidat du PNDS[8] au Niger, le président sortant, Mahamadou Issoufou, qui fit, lors d’une sortie de campagne, le  31 janvier 2016, la promesse de passer dès le premier tour. « Nous allons passer dès le premier tour »[9].

Dans les campagnes électorales à l’étude, les prises de paroles politiques similaires ont été récurrentes. Elles indiquent donc que le slogan politique « un coup K.O » a occupé un pan de l’espace discursif politique. Si, cette réalité apporte du crédit supplémentaire au constat selon lequel la politique demeure une entreprise de communication où prolifèrent les sens figurés[10], il reste que le slogan à l’étude est potentiellement riche d’enseignement en ce sens qu’il peut être le révélateur d’initiatives et d’objectif politiques complexes. Nul ne pourrait en effet remettre en cause le fait que ce slogan, à l’instar de tout autre slogan, appréhendé par Reboul Olivier, et considéré également dans cette réflexion, comme une« formule concise et frappante, facilement repérable […]»[11],a acquis dans différents discours et supports médiatiques une saillance et des usages aux facettes multiples, que nous nous proposons de faire état à travers un prisme pragmatique.

La conduite d’une étude pragmatique des usages contextualisés du slogan politique un « coup K.O » dans les campagnes électorales de 2015 et 2016 en Guinée Conakry, Côte d’Ivoire et Niger est susceptible de s’appuyer sur un corpus éclaté, dont l’essentiel gravite autour des discours politiques proprement dits et des articles de presse ayant retracé l’actualité de ce slogan politique. Ce trait distinctif de notre corpus, composé de 9 (neuf)articles de presse, et 4 (quatre) discours, sélectionnés en fonction des critères d’accessibilité et de disponibilité, s’explique par le fait que l’objectif de cette réflexion n’est pas de cerner les spécificités de tels ou tels supports de communications politiques ou partis politiques, mais de déceler les usages contextualisés récurrents du slogan politique« Un coup K.O ». Un tel examen peut valablement s’appuyer sur une approche pragmatique dont l’un des mérites, au sens de Marlène Coulomb-Gully[12],est de relier un texte à son contexte, c'est-à-dire d’intégrer dans l’analyse la relation existante entre  un énoncé et son contexte de production. Dès lors, la pragmatique pourrait permettre, en saisissant le contexte social et linguistique, de dépasser l’écueil d’une simple lecture linguistique du slogan « un coup K.O ». Au demeurant, la pragmatique permet d’intégrer dans l’analyse les conditions de circulation et de réception de ce slogan qui ne sont pas de simples circonstances annexes aux discours dans lesquels ce slogan s’insère, mais structure les sens à donner à ce dernier. Ne cherchant pas une exhaustivité difficile à atteindre, le corpus formé en majorité d’articles de presse dans lesquels on retrouve le mot clé « un coup K.O », reproduisant l’actualité du slogan à l’étude tout au long des différentes campagnes présidentielles étudiées, offre des éléments probants pour analyser les usages du slogan politique « un coup K.O »  sous deux aspects essentiels : au niveau de la recherche d’une légitimité supplémentaire et au niveau de l’opposition à l’adversaire politique. [...]

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Le temps des archives: Le Cromlech de M’zorah et « l’homme de Tanger »

12 Avril 2021, 11:45am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

En parcourant, à tout hasard, les éditions du journal de Tanger du  13 et 20 juin 1970, il a été intéressant de constater qu’à ce moment précis de l’histoire, les potentiels archéologique et préhistorique de la ville du détroit faisaient l’objet d’une attention particulière. Hommes de sciences et citoyens ordinaires s’intéressaient avec une curiosité gloutonne aux mystères anciens que recelaient le sol et le sous sol de la ville du détroit et ses environs. Cet intérêt était si important que, dans une correspondance adressée à la rédaction du journal de Tanger, au sujet de « l’homme de Tanger », un néandertalien, vraisemblablement « plus archaïque » que ceux d’Europe (selon le paléontologue Piveteau), le Dr Jean Faure (expert de l’organisation mondiale de la santé) soutenait, sans réserve, l’idée du Dr Guement de constituer un groupement de recherches d’archéologie et de préhistoire dans le nord du Maroc. Pour les deux hommes de sciences, il était nécessaire et même impératif de lever, avec méthode et rigueur, les zones d’ombre sur les importantes découvertes archéologiques effectuées dans la région, prioritairement sur le Cromlech de Ben M’Zora, situé aux encablures d’Assilah, et sur « l’homme de Tanger ».

Dans sa note, parue dans l’édition du Journal de Tanger du 13 juin 1970, le Dr Guement tente ainsi de mettre en évidence l’importance d’une telle recherche, en faisant des rapprochements avec le Cromlech de Stonehenge, en Grande Bretagne et celui de M’Zorah, au Maroc. A la lueur d’observations d’ordre astronomiques effectuées au Cromlech de Stonehenge, il s’interroge principalement sur la raison d’être du Cromlech de M’zorah, un site qui fut sensiblement créé entre -1800 et -900 avant Jésus Christ. Il se demande plus précisément si le Cromlech de Ben M’zorah est un observatoire astronomique primitif, au même titre que le Cromlech de Stonehenge, en Grande Bretagne.

Situé à une quinzaine de Kilomètres de la ville d’Asilah, dans la commune de Sidi El Yamani, les recherches effectués jusqu’ici sur ce site ont permis d’établir (provisoirement) qu’il s’agit du plus important site mégalithique du Maghreb. Il fait une cinquantaine de mètres et est constitué, selon André Denabath (professeur honoraires des universités et ancien directeur de la mission préhistorique et paléontologique française au Maroc) d’un tertre funéraire de plus de 50 mètres de diamètre, cerclé de 167 monolithes (pierres) dont le plus important mesure plus de 5 mètres de hauteur. Moins qu’un observatoire astronomique, plus qu’un simplement monument funéraire, le Cromlech de Ben M’zora est certainement un des témoins  de l’histoire ancienne de la région du Nord du Maroc, au même titre que « l’homme de Tanger », dont à l’âge, à l’époque,  fut estimé par le Dr Jean Faure, dans sa correspondance du 20 juin 1970, dans une fourchette comprise  entre 100.000 et 400.000 ans.

L’intérêt du Dr Jean Faure pour des recherches approfondies sur « l’homme de Tanger », réside, entre les lignes de sa correspondance, sur la nécessité de lever les zones d’ombres sur « l’homme de Tanger », dont les débris anatomiques reaffirmaient le caractère propice et adéquat de la région à des recherches archéologiques. Il suggérait ainsi avec emphase la reprise des recherches concernant cet homme préhistorique « dont, écrivait- il, nous possédons quelques débris anatomiques à peu près indéchiffrables »(Piveteau).

La correspondance de ce passionné de préhistoire a ceci d’intéressante qu’elle suggère que « l’homme de Tanger » appartiendrait au groupe des « paléanthropiens représenté principalement par les hommes de Neandertal et porteurs de la civilisation de la pierre taillé Levalloiso-moustérienne ». Elle suggère, par ailleurs, à l’aune des observations d’une collection d’objets préhistoriques de Fournier, constitué de corats et d’un grattoir moustérien, la présence des vestiges de la civilisation précitée. La découverte par d’autres chercheurs, en 1939[1], d’une portion de maximilaire supérieur d’enfant avec deux dents en place, et d’une molaire supérieure, représentaient, aux yeux du Dr Jean Faure, des espoirs de réalisation d’autres découvertes plus surprenantes. Il suggérait alors, comme une sentence, toujours d’actualité, que « la recherche demande plus de flair, de patience, et d « huile de coude » que de crédits ».

Tanger le 12 avril 2021.


[1] Cette decouverte est mentionnée dans le tome VII du traité de Paléontologie de Piveteau.

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