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 RebusExternis

Point de vue: gagnerons-nous la"guerre" contre la covid 19?

25 Février 2021, 08:38am

Publié par Dr. Sali Bouba Oumarou

POINT DE VUE

(c) elegantwalpper

Gagnerons-nous la « guerre » contre la covid 19 ? La question, en réalité, ne se pose pas. Dans notre monde où nous sommes capables de créer en laboratoire des agents pathogènes plus dangereux que la menace actuelle, il clair que nous sommes également capables, un peu durement peut-être, de trouver la solution pour réduire la capacité de nuisance du Covid 19. L’annonce d’un vaccin par la Russie est bien là pour montrer notre capacité à répondre, dans des délais serrés et quasi inédit, à des menaces que nous sommes susceptibles, par réfutation de toute morale évidemment (certains diront de conscience), de créer artificiellement. Inévitablement, ces deux mouvements : préservation et destruction artificielles de la vie se tempèrent. La véritable interrogation ne peut donc pas être de savoir si nous remporteront la victoire contre la menace invisible qui nous impose, depuis quelques mois son rythme : un rythme de vie inédit dans toute notre histoire récente.Elle est davantage celle de savoir à quel prix remporteront nous la victoire? Aurons-nous, au final, une victoire à la Pyrrhus : victoire fragile, nous exposant corps et âme, corps et esprit, corps et culture, corps et nature, à la merci d’un autre agresseur plus faible et de moindre importance ; victoire fragile exposant nos puissances publiques a des exigences et des face à face voraces, passionnelles, légitimes dans le fond, mais dénués désormais de tout esprit de concessions ? Ou alors, pouvons-nous espérer une victoire nous permettant de rebâtir, sans grandes difficultés, tout ce que nous avons eu à perdre à cause du covid 19 et tout ce que nous avons eu à prévoir, avant la covid 19 ?

Bien que nous aimerions, cela va de soi,  plébisciter la deuxième victoire, conforme aux attentes et espérances de milliers d’individus à travers la planète, les batteries de réponses provisoires dont l’incomplétude les rendent difficilement digérables pour nos vies et nos sociétés, nous dirigent à vitesse soutenue, pour certains, (les moins chanceux) à pas saccadés pour d’autres, (les plus chanceux) vers une victoire à la Pyrrhus, hélas. Nous gagnerons tous la bataille et même la guerre contre la covid 19, cela n’est qu’une évidence : notre amour pour la vie ou notre passion pour les biens matériels sont là pour construire et paver cette route de la victoire. Mais nous-mêmes et nos sociétés pourrions en sortir si faibles qu’il serait difficile pour certains de se tenir sur deux pieds. Il faudra certainement, et ce sera peut être le virage pour un nouveau recommencement, réapprendre à marcher à quatre pattes, apprendre à le faire sur le dos ou sur le ventre. La faute au virus bien sûr, mais pas que, loin s’en faut. Nous porterons, comme un tatouage raté, une part de responsabilité, d’abord parce que nous semblons avoir oublié l’homme dans sa complétude dans cette bataille. Bien sûr, le confinement, l’Etat d’urgence, mesures accessibles dans l’immédiat, étaient destinées et sont toujours par endroit destinées à sauver l’homme, la vie ou plutôt le plus de vie possible. A juste titre, elles furent saluer : car il fallait et il faut (toujours ?) sauver l’homme, le corps en premier, en fait. Mais que vaut réellement une vie, un homme corps sans esprit ? Sans possibilité de se reconnaître et connaitre ?Sans l’ennui, parfois plaisant, de la quiétude ? Certains ne le verront pas, et c’est à tout à leur honneur, et c’est mieux ainsi ; d’autres le verront, par exagération peut être ou par expérimentation aussi : les premières mesures contre la Covid 19, ici et là, ont absurdement négligé la dimension invisible de l’homme : elles ont divisé artificiellement le corps et l’esprit, oubliant qu’ils forment un tout ; un tandem dont l’équilibre doit, dans l’idéal, être toujours parfait. Non pas que c’est toujours le cas, mais le déséquilibre ne doit pas être important. On a enfermé les corps pendant longtemps et continuons encore à le faire, pour les protéger, oubliant que l’esprit ne vit qu’à l’oxygène de la liberté ; oubliant même que la capacité du corps à supporter l’enfermement n’est pas illimité. Tout ceci pour dire que les dégâts psychologiques des mesures réglementaires pourraient être terrifiants, une mauvaise surprise, quand elles se manifesteront, dans le long terme pour le coup, d’une manière ou d’une autre. C’est déjà le cas dans certains contextes. On  ne s’en rendra toujours pas compte, on ne pourra même plus faire le lien avec nos barrières une fois la menace passée, ce qu’on pourra voir, on ne le souhaite pas bien sûr par amour bienveillant, ce seront quelques pertes de vie inexplicables par ici, quelques fous et folles de plus dans les rues par là, quelques montée d’intolérance ici et là, de milliers d’hommes pauvres plus pauvres que jamais,et  les rares psychologues et psychiatres eux aussi devenus instables (dans les sociétés ayant cette culture),  débordées de patients : double instabilité pour eux donc. Une partie de la force nécessaire à la reconstruction, parce qu’il faudra le faire, sera inutile et faible : un peu inutile et fondamentalement faible, psychologiquement et donc physiquement ; faiblesse ultime et totale donc. Enfants, adolescents et jeunes adultes, victimes idéales, plus faibles et paradoxalement espoir sur laquelle repose une reprise vigoureuse, un recommencement, n’en sauront pas épargnés. Les pauvres petits, ils reprendront les classes, certainement en ligne, (heureusement !) sans avoir eu droit à de véritable vacances, sans avoir eu droit à leur habituellement défoulements qui leur permettent de réellement apprécier et d’aimer, d’une manière différente, chaque rentrée. Certains reprendront les classes sans connaitre de nouveaux camarades, sans pouvoir les approcher, les parlers. Ils parleront, si on leur donnent bien sûr l’occasion, à des machines. Et même lorsqu’ils pourront reprendre les classes, Ils le feront certainement l’esprit ailleurs, tout comme de milliers d’adultes. Ils ne seront pas, à proprement parler, différents de nos braves pilotes, qui doivent continuer à voler, à déplacer des hommes corps à la recherche de cet équilibre entre corps et esprit, mais avec quel esprit ? Un esprit ailleurs….partagé entre, d’une part, l’épée  de Damoclès qui pèse sur leur tète, et l’épée qui virus qui rode autour de leurs familles.Tanger le

Tanger le 22 novembre 2020

 

 

 

 

 

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